Amérique latine : quelle est la place des femmes au Panama ?

Il y a des voyages qui détendent, il y a des voyages qui font du bien et il y a des voyages qui vous marquent. Mon séjour au Panama en début d’année fait partie de ceux-là. Un peu « par hasard » et presque sur un coup de tête, j’ai eu la chance de découvrir un pays authentique, atypique, loin du tourisme de masse. Un vrai coup de cœur pour ce petit bout de terre entre le Costa Rica et la Colombie, connu essentiellement pour son canal mais qui gagne à l’être pour ses habitants. Et en particulier ses habitantes. Mais en Amérique latine : quelle est la place des femmes au Panama ?

On dit que l’on reconnaît la richesse d’un pays à la valeur de ses habitants. Et même à leur cœur. Nul doute alors que le Panama figure parmi les pays les plus riches au monde. Moins connu que le Costa Rica, moins populaire que le Mexique, moins exotique que la Colombie, il n’en reste pas moins un pays à découvrir. Notamment pour sa population. Alors en Amérique latine : quelle est la place des femmes au Panama ?

Entre passé colonial et présent occidental

Une Panaméenne typique de Bocas del Toro – © Violaine Cherrier

Si le pays n’est pas réputé – à juste titre – pour la qualité de ses ruines amérindiennes, il gagne à être connu pour celle de ses paysages et de sa nature. Bordé par le Pacifique d’un côté et la mer des Caraïbes de l’autre, il regorge d’îles et d’archipels paradisiaques : Bocas Del Toro, San Blas, Santa Catalina, Coiba…

La nature y est encore très florissante car le pays, excepté sa capitale Panama City, n’est pas dénaturé par une trop forte urbanisation. L’intérieur des terres, très vallonné, vous offre ainsi une flore et une faune extraordinaires.

Mais ce qui marque au 1er regard c’est ce mélange entre l’ancien pays colonial – à l’image du Casco Viejo à Panama City – et l’occidentalisation – et l’américanisation – de la société. Personne n’a oublié l’affaire des Panama Papers et le scandale qui a touché l’évasion fiscale de nombreux citoyens du monde dans les banques panaméennes. Et quoi de mieux que le fameux canal de Panama pour témoigner de ce passage entre le passé et l’ère moderne ?

 

 

Les Indien(ne)s Kunas, maîtres des San Blas
Si vous passez un jour au Panama, je vous recommande vivement de passer quelques jours dans l’archipel des San Blas. Si le paradis existe, alors il ne doit pas être

Une Indienne Kuna San Blas – © Violaine Cherrier

très loin de ressembler aux San Blas. Plus de 300 îlots – certains minuscules – de sable fin, de palmiers et bordés par l’eau turquoise des Caraïbes. Et surtout, déconnexion totale ! Un monde véritablement à part bercé par le rythme des Indiens Kuna qui descendent des Mayas. Ce peuple a su conserver ses traditions, ses coutumes propres, sa langue et même sa monnaie.
Cela ne vous étonnera pas : c’est bien sûr l’homme qui commande. Mais les femmes jouent un rôle prépondérant dans la sauvegarde de leur culture notamment. Elles s’occupent aussi de la cuisine, de la maison et de la couture des costumes traditionnels pendant que les hommes pêchent. Un air de déjà-vu vous me direz, sauf qu’il est finalement assez rare de le voir encore de ses propres yeux. Et puis, rien que le paysage paradisiaque vaut le détour !
J’ai eu de la chance : normalement, il est interdit de les photographier mais elles acceptent volontiers de prendre la pose.

 

Un « havre » de paix en Amérique latine ?

Une terre de contrastes que l’on retrouve aussi dans la société panaméenne. Il faut dire que le pays, situé en Amérique latine et juste au Nord de la Colombie, apparaît légitimement comme le plus sûr de la zone.

Démocratie depuis 1990, malgré une forte influence américaine encore présente, le Panama applique de nombreuses mesures en faveur des droits de l’homme… et de la femme. Mais cela ne suffit pas toujours. Le Panama a ainsi été le 1er pays de la région à dépénaliser l’homosexualité mais celle-ci reste encore largement tabou et mal considérée dans une société fortement machiste.

Le paradis pour les femmes en politique ?
Paradis, peut-être pas. Mais force est de reconnaître que l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud sont des terres d’accueil et de promotion pour les femmes en politique. Dommage que l’Amérique du Nord ne suive pas l’exemple !
Ainsi, de nombreux États ont ainsi été dirigés par des femmes : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, le Costa Rica, l’Équateur (pendant seulement deux jours), le Nicaragua et le Panama.
Quatre autres pays ont connu une vice-présidente : le Guatemala, le Pérou, la République dominicaine et le Salvador.
En 2016, Keiko Fujimori avait quant à elle perdu au 2nd tour de la Présidentielle au Pérou.

 

 

Quelle est la place des femmes au Panama ?

Quid alors de la place des femmes ? De leur rôle ? De leurs droits ? En 1999, l’élection de Mireya Moscoso en tant que présidente de la République a suscité beaucoup d’espoir mais, malgré les efforts réels en la matière, la tâche reste encore lourde et longue.

Une Panaméenne sur un chantier à Bocas del Toro – © Violaine Cherrier

Ainsi, si les femmes représentent la majorité des diplômés universitaires – un excellent indice de mesure en termes de droits des femmes –, elles n’en demeurent pas moins abonnées aux bas salaires : on est loin de l’égalité salariale femmes – hommes… Mais en France aussi !

Et, en effet, mon périple l’a confirmé : je n’ai pas vu, tout du moins en zone urbaine, de différence majeure entre les femmes et les hommes, que ce soit dans les restaurants, les bars, les hôtels, les taxis, les musées… Mais il est vrai que Panama City est un peu à part, ne représentant pas la réalité du pays dans son intégralité !

Pourtant leur quotidien est lui aussi loin d’être rose. Les violences faites aux femmes, notamment dans un cadre marital, demeurent fréquentes. Et, en tant que touriste, mieux vaut éviter certains quartiers de la capitale. Le harcèlement sexuel au travail est loin d’être rare. Et le phénomène s’amplifie dès que l’on quitte la ville pour s’enfoncer dans les zones rurales, dans lesquelles l’accès à l’éducation pour les jeunes filles devient souvent compliqué.

Près de 200 fémicides par an au Panama
Selon l’Observatoire panaméen contre la violence sexiste, entre 2009 et mi-2013, 290 femmes ont connu une mort violente, dont 187 par fémicide. Un chiffre en hausse continue !

Lire aussi