Former les femmes aux métiers du numérique pour éviter de reproduire les biais masculins

Programme #SheMeansBusiness 2018

Le numérique ne compte que 33 % de femmes dans ses effectifs contre 53 % tous secteurs d’activité confondus.  Un fossé qui se creuse considérablement lorsque l’on aborde les fonctions plus techniques ou purement informatiques. Face à ce constat, la formation des femmes au numérique devient une priorité. Le risque dans le cas contraire : créer des applications, des technologies et des solutions d’intelligence artificielle biaisées. Voilà pourquoi il est nécessaire de former les femmes aux métiers du numérique pour éviter de reproduire les biais masculins.

20 % de femmes ingénieurs et cadres d’études, recherche et développement en informatique ; seulement 16% de techniciennes d’étude et de développement en informatique… les femmes manquent à l’appel (et à la pelle) dans le numérique.

Un secteur pourtant en pleine expansion avec 80 000 emplois non attribués faute de profils adaptés et une croissance annuelle de 4%  des demandes de la part des professionnels.

10 000 formations au numérique
d’ici 2022

Dans le cadre de son Plan d’investissement dans les compétences, l’État a donc lancé en avril dernier le programme 10 000 formations aux métiers du numérique. Un plan qui s’adresse en priorité aux personnes non qualifiées mais qui a permis, entre autres, de mettre en avant le manque de femmes dans le secteur.

5 000 personnes peu ou pas qualifiées (niveau bac ou inférieur au bac) en recherche d’emploi seront ainsi formées d’ici 2019 au sein de nouvelles formations labellisées Grande École du Numérique. L’appel à projets prévoit un objectif de 30% de femmes minimum en formation au numérique et 30% de formations situées au sein de quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).

Seules 9% des startups en France étaient dirigées par une femme en 2016.

Source : Femmes@Numérique

Le numérique, une affaire de femmes

Pourquoi une telle sous-représentativité des femmes dans le numérique ? La faute, en partie, à une sous-représentativité des femmes dans les écoles et les établissements de formation liés au numérique : seulement 15%.

Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. De 1972 à 1985, la filière informatique était même la 2e comportant le plus de femmes ingénieures au sein des formations techniques. Que s’est-il alors passé ? Un peu ce qui estAda Lovelace, pionnière de l'informatique arrivé avec le cinéma : dès que le secteur est devenu un business important et un acteur majeur de l’économie, les hommes se sont emparés de la place, reléguant les femmes parfois à des tâches moins importantes et surtout moins visibles.

Faute de role models, les générations suivantes se sont alors orientées vers d’autres filières. Bien sûr, d’autres facteurs socio-historiques expliquent le phénomène tels l’avènement de l’ordinateur personnel, les réussites ultra médiatisées de Microsoft, Apple, Google, Facebook, Amazon… Toutes dirigées par des hommes qui constituent autant de role models masculins et de sources d’inspiration pour tout geek.

Mais l’histoire n’a pas toujours été écrite par des hommes comme le rappelle Femmes@Numérique :

  • En 1843, c’est la Britannique Ada Lovelace qui développe le tout premier programme informatique.
  • Cent ans plus tard, Mary Keller devient la première personne à soutenir une thèse d’informatique aux États-Unis.
  • À la même époque, Grace Hopper développe le premier compilateur ouvrant ainsi la voie aux langages de programmation.
  • Ce sont également des femmes qui programmèrent en 1946 le premier ordinateur entièrement électronique.
 Oui mais voilà, les faits sont là :
En 2017, on ne comptait encore que 11% de femmes dans la cybersécurité et 27% de codeuses !

Former les femmes aux métiers du numérique pour éviter de reproduire les biais masculins

 Mais depuis quelques années, les voix s’élèvent pour dénoncer ce manque de représentativité féminine mais surtout soulever les dangers qui y sont liés. Big data, blockchain, intelligence artificielle, internet des objets, cloud… Aujourd’hui, le numérique est partout.
Alors quel est le risque si seuls – ou en grande majorité -, ces nouvelles technologies sont développées par des hommes ? Tout simplement qu’elles n’incluent – involontairement et souvent inconsciemment – que 50% de la population mondiale en occultant l’autre moitié. En gros, des technologies complètement biaisées et éloignées de la réalité.
Résultat : les actions de sensibilisation et de formation se multiplient à l’initiative de l’État – et notamment de Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances et du ministre de l’Action et des Comptes publics, chargé du Numérique – mais surtout des réseaux et des associations.
Parmi elles :

She (We) Means Business

Et les entreprises n’ont pas manqué de leur emboîter le pas, elles aussi très demandeuses de diversité en matière de numérique.

La France, terre de numérique

Le Bon Coin et Simplon ont ainsi lancé en 2019 #misscode, un programme de découverte des métiers du numérique et d’initiation au code dédié aux femmes. Ce programme s’adresse aux femmes sans emploi ou en situation de décrochage scolaire, résidant en Île-de-France. Il vise à accompagner 24 d’entre elles dans la découverte des métiers du numérique, l’initiation à la culture tech et l’apprentissage des bases du code. Aucun prérequis n’est exigé, sinon une appétence pour le digital.

Connected Girl est une initiative de Cisco France pour attirer les femmes de demain vers les métiers des nouvelles technologies. Plus de 1 500 jeunes filles de 14 à 18 ans ont ainsi, depuis 10 ans, rencontré et échangé avec des femmes inspirantes, appréhendé les différentes filières et écoles et participé à un atelier de créativité pour appréhender les étapes de création d’une startup.

Très investi dans le programme Tech for Good en France, Microsoft France a notamment lancé un think tank autour de l’intelligence artificielle et une politique agressive de formation. Objectif : former 500 000 personnes dans les 5 ans et créer 3 000 emplois au sein de l’écosystème français.Avec une priorité : tendre vers la mixité au sein de ses équipes.

Des exemples parmi d’autres qui démontrent l’intérêt (et le besoin) réel des organisations porté au numérique.

#SheMeansBusiness, un programme gratuit pour former 15 000 femmes en France

Bootcamp SheMeansBusiness Paris 7 décembre 2018 Développé par Facebook – à l’initiative de Sheryl Sandberg, n°2 du groupe – et mis en place par Social Builder, #SheMeansBusiness  a pour ambition de former 15000 femmes en 2018 en France. Il s’agit d’une formation courte, intensive, sans pré-requis, pour toutes les femmes.

Le programme est destiné à toutes les femmes qui souhaitent découvrir ou renforcer leur leadership (confiance en soi, ambition professionnelle, etc.), leurs compétences numériques (marketing digital, web) et leur esprit d’entreprendre.

#SheMeansBusiness, qu’est-ce que c’est ? C’est une formation en ligne autour de 4 modules, un bootcamp d’une journée en présentiel et une communauté en ligne sur Facebook. Á Paris, le bootcamp avait lieu le vendredi 7 décembre dernier à l’espace Grande Arche de la Défense avec 2 000 femmes qui avaient suivi la formation… dont moi !

Mon expérience #SheMeansBusiness

SheMeansBusiness, j’en avais déjà entendu parler à l’occasion de la dernière Journée de la Femme Digitale en avril dernier. Sincèrement, je ne savais pas trop quoi penser mais, ne serait-ce que par curiosité, j’ai saisi l’opportunité qui m’était offerte de suivre la formation en ligne et d’assister au bootcamp… et je n’ai pas regretté !

  • Tout d’abord, la formation en ligne : organisée en 4 modules marketing digital, web, leadership, entrepreneuriat -, elle nécessite d’y consacrer une dizaine d’heures entre les cours tutoriels en ligne, les exercices pratiques, les vidéos informatives et les quizz… Très complète et bien documentée, mieux vaut effectuer module après module, et avoir le temps nécessaire à chaque fois pour apprendre à tête reposée car vous allez devoir intégrer un grand nombre d’informations.
  • Puis, le bootcamp : le 7 décembre dernier, l’évènement parisien a ainsi réuni toute une journée quelque 2 000 femmes à La Défense. D’autres sont organisés en région tout au long de l’année ! Très complémentaire à la formation en ligne, il donne l’opportunité de se familiariser davantage avec le numérique, de se tester à travers des exercices et des jeux, de se lancer via des ateliers de pitch par exemple mais surtout de réseauter avec des femmes de tout âge et de tout horizon… le tout dans une ambiance de feu. Et là, quel plaisir que de voir autant d’énergies et de synergies en un même lieu !
  • Enfin, la communauté (groupe privée) Facebook pour poursuivre les échanges, se soutenir, présenter son projet, discuter avec d’autres entrepreneures…

Alors certes, le programme s’adresse plus particulièrement aux novices tant dans le numérique que dans l’entrepreneuriat, mais il constitue néanmoins une très bonne mise à jour pour celles qui ont déjà créé leur activité mais souhaitent lui donner un coup d’accélérateur.

De plus, la formation en ligne constitue une boîte à outils numériques idéale pour se lancer : vous aurez toutes les cartes en main pour créer rapidement, efficacement et même gratuitement un site internet et votre stratégie de communication initiale sur les réseaux sociaux.

Bref, #SheMeansBusiness est une très bonne rampe de lancement et donne l’opportunité à un grand nombre de femmes, quelles qu’elles soient, de se familiariser avec le numérique et de faire leurs premiers pas avec de très bonnes bases. Ensuite, si vous souhaitez grandir et développer vos compétences dans le domaine, une formation et un accompagnement plus poussés seront nécessaires.

Rejoindre le programme #SheMeansBusiness

Pourquoi vous former au numérique ?

Parce que d’ici 2022, 191 000 postes seront à pourvoir dans le secteur et que les entreprises sont particulièrement demandeuses en matière de candidatures féminines. Pour les femmes, encore largement minoritaires, c’est donc la porte ouverte sur des carrières riches dans lesquelles elles pourront rapidement monter en compétences et occuper des responsabilités !

CES 2019 : App-Elles® lauréate du CES Innovation Award 2019

App-Elles au CES 2019Le CES de Las Vegas, rendez-vous mondial incontournable de la Tech a ouvert ses portes ce lundi 8 janvier. Parmi les nations les mieux représentées (et plébiscitées), la France et sa fameuse French Tech.

Cette année, plus de 400 startups y participeront (consulter la liste) pour présenter les innovations made in France. Si les femmes risquent, une nouvelle fois d’être peu présentes, elles occuperont néanmoins la place à l’image de App-Elles®, une app solidaire des femmes victimes de violences.

Répondant aux principaux besoins d’assistance face à une situation de violence, elle propose des fonctions d’alerte, d’appel et de recherche optimisées. Elle fait partie des 26 startups sélectionnées par Business France pour le CES 2019. L’application et son bracelet d’alerte ont reçu le CES Innovation Award 2019 dans la catégorie Tech For A Better World.

Une application lancée à l’initiative de Diariata N’Diaye, artiste, activiste engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes depuis plus de dix ans, et que j’ai eu la chance de rencontrer l’an dernier à l’occasion des TEDxChampsÉlyséesWomen.

Consulter le site App-Elles®

Et si le numérique redevenait une affaire de femmes ?

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